Restauration 350 type FH, culbutée de 1933

C'est parti pour cette nouvelle restauration. La moto est arrivée début novembre 2016 à l'atelier, pour une restauration totale. Cette machine est presque complète, et le moteur n'est pas bloqué. Nous avons convenus avec son (heureux) propriétaire, que l'ambition de cette restauration serai de la démarrer, de la faire tourner et fiabiliser dans un premier temps pour participer à la sortie de l'amicale en 2017. La remise en forme cosmétique sera réalisé dans un second temps.

Ce qui fait un peu moins d'un an pour atteindre ce premier objectif. Il n'est réalisable que si l'on ne découvre pas de très mauvaise surprise dans la mécanique...ou ailleurs !

Voici donc un petit tour de la machine au lendemain de son arrivée.

Début du travail : faire un bilan de l'état des conditions nécessaires au redémarrage. En premier lieu, démontage de la magnéto, et pour parvenir aux vis de fixation, on doit enlever le carter de montée de magnéto avec la pompe à huile.


La pompe se démonte sans problème, on aurait pu craindre un quelconque grippage en raison de l'absence du mica faisant office de viseur, mais elle a été bien protégée, et il n'en est rien.

Un petit coup d’œil dans le corps de pompe, il reste même de la vielle huile devenue toute liquide, mais qui a malgré tout rempli son office de protection toutes ces années.

La dépose du carter ne pose pas de problème, il faut quand même recourir au tournevis à frapper pour éviter de dégrader les têtes de vis. Comme le pignon intermédiaire est venu avec le couvercle du carter, et qu'il n'y a pas de repère pour le calage de l'avance, je serai bon pour un calage à la mano... (la distri est repérée).

Le pignon intermédiaire, dépourvu de repère de calage. Cela dit, comme on ne connais pas l'historique de "service" de la machine, il est saint de vérifier le calage de l'avance, même quand celui ci est claveté.

Pour démonter les 3 fixations de magnéto, il faut enlever les tubes d'échappement. C'est un peu la même punition qu'avec la 500, la 3e vis, celle du fond, est à peine accessible. Mais on y parvient malgré tout sans basculer le moteur !

On note que c'est l'occasion d'étrenner ma toute nouvelle clé à ergo, qui accompagnée d'un peu de WD40, s'en sort à merveille.

Après un bon nettoyage et un copieux grattage des rupteurs, cette magnéto retrouve sa jeunesse !

Comme pour la 500, je n'arrive pas à faire une photo nette en maniant la perceuse à bout de bras avec la main gauche, mais on voit bien la belle étincelle, et c'est là l'essentiel.

Puisque la magnéto donne, on va s'occuper du circuit de graissage. La pompe est OK, mais je fais une vidange du résé d'huile et j'en profite pour effectuer un petit nettoyage.

Pendant que le circuit d'huile se purge tout seul, direction la carburation. Le carbu est apparemment propre lui aussi (décidément on a du bol !). Tiens, l'aiguille est au dernier cran (ou au premier, je ne me rappelle jamais lequel est lequel, mais pour le moment ça importe peu).

Et voilà un beau carbu bien complet. AMAC, licence AMAL, 6/011.

Ah, il y a quand même un petit paquet de rouille qui tombe à l'ouverture de la cuve !

Une fois démonté, je fais ma spécialité culinaire : le bouillon de carbu au citron. Je n'ai plus le droit de faire ça dans la cuisine, allez comprendre pourquoi ! Ça doit mijoter une bonne demi heure, ce qui laisse du temps pour poursuivre ailleurs...

...ici par exemple, au niveau de la trans primaire. J'avais remarqué que ça frottait en bougeant la moto, et le carter primaire n'était fixé que par un point. Comme j'ai besoin de l'accès de ce coté, je démonte...

La cause de tout ceci, c'est cette poulie. Elle a du être ajoutée un jour dans le but d'alimenter l'éclairage via un alternateur. Il n'y a aucune trace de la poulie réceptrice, j'en déduit que la modif s'est arrêtée là !

Comme je n'ai pas encore grillé ma demi heure (souvenez vous que mon bouillon de carbu est sur le feu), j'attaque le résé. Dés l'ouverture on est envahis par l'odeur d'essence dénaturée (plusieurs litres), et au fond 2 bons cm de marc de café... Dommage, sur la photo, on n'a pas l'odeur !

Après 2 / 3 nettoyages  / vidanges à l'essence, je remet de l'essence et ma boite de boulons dédié à ce genre d'activité... on laisse reposer... on secoue dans tous les sens .... etc ... (Mon téléphone a décidé de prendre cette photo avec moins de pixels que les autres, ne me demandez pas pourquoi, il a sa propre faculté d'analyse et je ne cherche plus à comprendre ...)

Mon bouillon prend tournure. c'est jaunâtre et ça embaume dans tout le sous sol... c'est bientôt prêt

Emporté par mon élan, j'ai oublié de faire une photo du carbu remonté. Avant, bien sur, j'ai pris soin de passer un coup de soufflette et un petit fil laiton dans tous les petits trous d'ajutage et autres.... et j'ai remonté tout ça sur la moto, j'ai calé l'avance à l'allumage (sur ce très bon site (!), il est précisé dans une autre rubrique que l'avance est calée à 0 plein retard au PMH), ce qui fut fait, sans problème particulier (je m'y prends toujours à plusieurs fois, mais ça se fait bien malgré tout !).


Allez, petite vidéo dans la foulée. Les modulations de son doivent être dues à ma préhension du tel, que j'essaie d'épargner de mes doigts gras (sans y parvenir, mais c'est psychologique). Comme je n'ai pas de commandes sur la machine, à part la poignée de gaz, le starter est en position "on" pendant que je filme. Là encore, il me faudrait 3 mains....

Puisque la moto tourne, et même plutôt bien, il est permis d'envisager un roulage dans les jours qui viennent. Je replace et règle la commande de boite, ici coté boite. Une belle rotule réglable termine la tige de commande de part et d'autre.

Ici coté sélecteur, qui vient lui même de retrouver sa place. Je n'ai pas fait de petite vidéo mais moteur tournant, je m'assure que les vitesses passent correctement.

Le "hic" ! la roue arrière tourne difficilement, il m'a fallu débloquer les mâchoires au marteau. Je vais donc devoir démonter la roue arrière et son tambour pour voir ce qui coince. Il faut absolument au moins un frein arrière fonctionnel pour effectuer un petit tour d'essai avec la machine.

En attendant de traiter la roue arrière, je poursuis le décrassage du circuit d'essence. Ici la x-ième vidange boulon essence. La boue commence à se décoller, c'est bon signe ... (Les reflets dans le bouillon font penser qu'il y a des axes métallique, mais en réalité, ce ne sont que des reflets de la moto qui est au dessus (une 250 FN type M XIII en phase finale de mise au point ! )

Le robinet d'essence totalement colmaté...

...qui va lui aussi connaitre "la trempette" dans l'essence.

Révision du moyeu arrière, donc démontage de la roue


Le tambour est englué dans une sorte de goudron très épait et bien durci. Mais au bout de trois bains d'essence, il retrouve son allure. Les machoires ne sont pas mortes, on va donc pouvoir remonter tout ça. Les surfaces d'appui et l'axe de la came sont garnis de graisse neuve.

Entre temps, le réservoir commence à revenir. Apres quelques trempages à l'essence qui ont permis d'évacuer le plus gros,  c'est à présent au tour du décapage à l'acide phosphorique.

Le résé remis en place, robinet remonté avec un joint neuf, l'ensemble est testé.

Pas de fuite !

Je n'ai pas de filtre à essence dispo, je vais m'en passer pour ce premier essai. Le circuit d'essence est OK.

Ne pas oublier de vérifier la mise à l'air du résé, qui était ici bien colmatée.


Le moteur remis en route, j'ai un doute sur le débit de la pompe Pilgrim, je préfère la re-contrôler. RAS, du coup j'en profite pour faire un beau viseur d'huile, taillé dans un morceau de boite en plastique.


François m'a déposé un cageot de pièces qui allait avec la moto, on peut dès lors compléter quelque peu la machine, avec par exemple sa plaque et son feu arrière. Il est probable que la plaque n'est pas d'origine, on fera mieux plus tard ....


Les bricoles qui manquaient, et qui vont permettre l'essai routier ("essai routier" ici signifie une modeste sortie dans la rue d'un, voir deux aller/retour, mais c'est déjà un début !).

On trouve dans l'ordre : une manette de commande de magnéto et son câble, neufs tous les 2, on n'en avait pas sous la main. Un levier inversé de commande du frein avant (récup, en regardant de plus près, c'est un levier gauche mais pour notre essai, ce sera très bien) et son câble (neuf). Une manette de starter (récup d'époque). Le câble de magnéto et son ressort de sécateur made in castomerlin. Un ressort de décompression (récup ...). Et comme la canalisation d’arrivée d'huile est HS pour le moment, ce bocal d'huile de direction assistée fait parfaitement office de résé d'huile. 

Et c'est ainsi que cette belle moto a fait ses premiers hectomètres. Je n'ai pas de photo, il faudra imaginer un peu (la joie des voisins est intense quand je démarre une nouvelle machine, surtout que ces avant guerre sans silencieux sont plutôt sonores, enfin moi j'aime bien, et c'est déjà pas mal ! ).

Petit bilan de ce 1er essai routier : le moteur a l'air de tourner correctement, mais le passage des vitesses se fait mal. L' ensemble broute terriblement et la moto a du mal à décoller ; une fois lancé, ça s'améliore un peu...retour au garage...

...et démontage de l'embrayage. Il est très gras et mal réglé. Deux des 4 vis qui maintiennent le plateau en compression ont les pas foirés. L'ensemble tourne en patate sur la machine. Je change les vis et règle la garde, puis retourne dans la rue. C'est mieux mais pas parfait. 

Je décide de vérifier l'avance qui n'était pas top, puis le jeu aux soupapes qui est à reprendre également. En l'absence de notice, je met 0,10 et 0,15, ce sera toujours mieux qu'un jeu quasi nul, me semble t'il... 

Là c'est nettement mieux ! Du coup je pars pour effectuer une quinzaine de km ponctués de belles montées et descentes. Les freins se détendent et sur le retour j'ai du mal à apprécier la distance de freinage qui ne fait qu'augmenter, surtout dans les descentes !!! Mais la moto fonctionne parfaitement bien. Il y a toujours ce problème de dribblage de la moto en première, ce qui rend cette vitesse inutilisable. Du coup je pense que ce n'est pas tant l'embrayage qui est en cause, mais le crabotage des vitesses au niveau de la boite....

retour au garage... et reprise du réglage de la commande, réglage également de la tension des câbles de frein. Demain c'est décidé, je reprends la route !

 

Mais avant de reprendre la route, comme j'ai trouvé un raccord à peu près compatible avec le résé d'huile, je remets en service le résé de la moto. Une durite souple remplace la durite en cuivre d'origine qui était cassée. Et puis comme il y avait un Alternovi dans la caisse de pièces, je ne résiste pas à l'envie de le tester (il est OK !), et de l'installer. Cela permet de mesurer les dimensions de la courroie nécessaire pour le faire fonctionner, laquelle sera commandée dans la semaine.


Et comme promis, j'ai profité de ce bel après midi d'automne pour reprendre la route. Une bonne heure cette fois-ci, pour tenter d'identifier l'origine de ces broutements qui rendent l'usage de la 1ère impossible (cela dit avec l'étagement des vitesses, on peut très bien démarrer en seconde, même en côte, mais quand même !). La 3e est OK, c'est déjà ça. De retour dans le garage, il m'a fallu un certain temps (tel quel on devait choisir entre l'une ou l'autre des vitesses extrêmes, ce qui est tout de même un peu gênant). Les jeux sont tels qu'il a été compliqué de trouver le réglage juste. Cette fois il semblerai que ce soit OK, donc retour sur la route pour tester. En attendant, quelques photos de cette balade. C'est quand même un peu pour ça qu'on passe autant de temps au garage, non ?

Le réglage de la commande de boite reste problématique, la prochaine étape va donc consister a sortir la boite pour effectuer un contrôle plus poussé. Il est probable que les roulements ou les dents de certains pignons soient au bout du rouleau ...


Quoi qu'il en soit, François a pu profiter d'un rayon de soleil pour essayer sa moto, c'est déjà ça !


Janvier 2017. Confection d'une matrice pour réaliser des copies de silencieux DS Malterre en tôle. François possède un modèle qui provient d'une 500, le tube est de 50mm, et le silencieux lui même fait 50mm au plus large. Je taille donc mon modèle dans des plaques de PVC. 2 plaques par côté (25mm), qui une fois assemblés forment l'ébauche de la pièce finale. J'ajoute la forme de sur-épaisseur en tôle de 2mm. Le raccord au tube est fait a l'aide d'une scie cloche de 40mm. Il faut un peu adapter la zone de raccord au tube car sur les 350 bi-tube, le diamètre des tubes est de 40mm. Ensuite, découpage d'une pièce de tôle de 0,7 et début de l'emboutissage.


Pour m'amuser un peu lors des temps morts, j'ai commandé une courroie histoire de tester l'Alternovi, et Ô miracle, après quelques branchements, il débite ! 

Je me suis rendu compte par la suite que j'ai oublié de compter avec la longueur nécessaire au débrayage de l'Alternovi dans la longueur de la courroie, il faudra donc en commander une plus longue, mais ce sera pour plus tard !


La machine a fait plusieurs sorties en 2017. Ici lors du rassemblement annuel de l'amicale DS Malterre (de face, la deuxieme en partant de la gauche)


La poursuite de la confection des silencieux, on travaille la forme aux chasses, maillets, postillon, etc .....

Le premier demi-silencieux terminé.

Le deuxième demi-silencieux terminé à son tour, ici en compagnie des 2 matrices.

Le premier silencieux terminé, ainsi que sa patte de fixation (copié elle aussi sur le modele original).

La paire de silencieux terminée.

Septembre 2017: La machine est à présent en parfait état de fonctionnement. Une suite sera donnée à ce chapitre, qui concernera l'esthétique de la moto.